« Mouvement, action et conscience : vers une physiologie de l'intention »
Tel était le titre du colloque qui s'est tenu à Bron, à l'Institut des sciences cognitives, en l'honneur de son directeur, Marc Jeannerod. Ambitieux ! Car en effet, comment passe-t-on des mécanismes neuraux du mouvement en 3D, aux théories de la philosophie de l'esprit sur la simulation, l'imagination et l'empathie ? Que pouvaient donc bien avoir à se dire des neurophysiologistes du mouvement et des philosophes de l'esprit ? A discuter une fois encore de l'apport de découvertes neurologiques à la compréhension de l'esprit.
La question des « neurones miroirs » est ainsi revenue plus d'une fois dans les exposés et les discussions. Ces neurones du cortex prémoteur, découverts il y a plusieurs années par le professeur Giacomo Rizzolatti et ses collaborateurs à l'université de Parme, ont une caractéristique très particulière : chez le macaque, les neurones qui commandent le mouvement des doigts qui saisissent une pomme s'activent également lorsque le singe observe quelqu'un qui fait le même geste. Ce qui suggère donc que le singe n'analyse pas l'action d'autrui uniquement avec son cortex visuel, mais aussi avec son cortex moteur. Tient-on là une première piste sur les bases cérébrales de la simulation mentale d'une action ?
La question est également soulevée par Jean Decety, directeur de recherche à l'université de Seattle. Grâce aux techniques d'imagerie cérébrale, il a montré, chez l'être humain, que les mêmes zones du cerveau s'activaient pour exécuter réellement une action et pour l'imaginer mentalement. De même, comme dans le cas des neurones miroirs du macaque, la même zone cérébrale s'active lorsqu'une personne exécute un mouvement ou observe quelqu'un le faisant sous ses yeux. D'autres questions se posent alors : tient-on là une première piste sur les bases cérébrales de l'empathie ? La compréhension du comportement d'autrui passe-t-elle par le reflet de ce comportement dans l'activité cérébrale de l'observateur ? Et comment l'individu distingue-t-il alors son comportement du reflet de celui d'autrui ? Comment expliquer la différence subjective, évidente pour la plupart d'entre nous, entre j'agis et il agit ?
« Quel est le rôle de ce système dans le langage - l’une des capacités cognitives humaines les plus élaborées ? En effet, le système des neurones miroirs contient l’aire de Broca, un centre cortical fondamental pour le traitement du langage. Et si, comme le pensent certains linguistes, la communication humaine a commencé par une gestuelle faciale et manuelle, alors les neurones miroirs auraient pu jouer un rôle important dans l’évolution du langage. Le mécanisme des neurones miroirs résout deux problèmes fondamentaux de communication : la parité et la compréhension directe. La parité suppose que le sens du message soit le même pour l’expéditeur et pour le destinataire. La compréhension directe signifie qu’un accord préalable entre les individus n’est pas nécessaire pour qu’ils se comprennent. L’accord est inhérent à l’organisation neuronale de deux personnes. Les miroirs internes seraient donc ce qui permet à Jean et à Marie de se parler sans mots... »
>lien<
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire