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dimanche 24 mars 2013

14 colorants alimentaires à éviter

  • De la charcuterie bien rose, des plats cuisinés bien colorés, sans parler des bonbons jaune fluo ou bleu turquoise que s’arrachent les enfants, les colorants alimentaires sont partout, ou presque
  • Ces substances sont-elles sans danger pour notre santé ?
  • Pas toujours. Au menu : risque d’allergie, et même soupçons de cancérogénicité. LaNutrition.fr a passé au crible les colorants alimentaires et a identifié 14 substances potentiellement toxiques. Revue.

    E102, E104, E132… Une partie de bataille navale ? Non, trois colorants utilisés dans l’industrie agro-alimentaire. En l’occurrence, tartrazine, jaune de quinoléine et indigotine. Derrière ces noms parfois barbares peuvent se cacher des substances totalement inoffensives et d’autres à l’innocuité contestée. ConsoSanté a passé en revue les substances autorisées en France et identifié 14 colorants alimentaires susceptibles de causer des problèmes de santé.
    Les colorants sont utilisés dans notre alimentation depuis bien longtemps. Le curcuma pour colorer les plats en jaune, le paprika ou le jus de betterave pour mettre du rouge dans nos assiettes. Au début les substances naturelles étaient les produits de choix pour rendre nos aliments plus appétissants. Puis, avec les progrès de l’industrie chimique, sont apparus les colorants de synthèse. Et les problèmes qui vont parfois avec. Car si les colorants d’origine naturelle sont la plupart du temps inoffensifs, on ne peut pas en dire autant de tous les produits obtenus par synthèse chimique. Dans la catégorie des additifs alimentaires, ce sont d’ailleurs ces substances qui regroupent le plus de composés pouvant laisser planer un doute sur leur innocuité.
    Même les autorités sanitaires ont commencé de s’inquiéter. En 2006, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a lancé un appel à données sur les colorants alimentaires dans le cadre d’une réévaluation systématique de tous les additifs alimentaires autorisés dans l’Union européenne (UE). L’organisme a même donné comme consigne « d’accorder la plus haute priorité aux colorants ». Les données devraient être connues dans le courant de l’année à venir. En attendant les conclusions des experts, faut-il s’inquiéter de la couleur de nos aliments ? Pour ConsoSanté, la réponse est oui. Déjà dans les années 1970 les colorants alimentaires se sont retrouvés sur le devant de la scène, soupçonnés d’être responsables de l’hyperactivité chez les enfants (lire encadré).
    Les deux principaux risques que nous avons identifiés concernent les réactions allergiques causées par certains colorants et leur capacité à favoriser des cancers. Il nous est impossible d’établir une liste complète de tous les aliments contenant chacun des colorants. La solution : éplucher les étiquettes et disséquer la composition pour savoir si le produit contient le colorant concerné. Quels colorants sont concernés et comment les éviter ? Tour d’horizon, couleur par couleur.

    Les colorants rendent-ils les enfants hyperactifs ?

    La polémique est née il y a plus de 30 ans : les colorants alimentaires pourraient être responsables du trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) chez les enfants. Les causes exactes de ce trouble sont encore à élucider, mais l’alimentation fait partie des pistes explorées. Dans les années 1970, des articles scientifiques prétendaient que l’état de 30 % à 50 % des enfants hyperactifs s’améliorait grâce à un régime alimentaire privé d’aliments contenant des colorants alimentaires artificiels et des salicylates – substances voisines de l’aspirine {footnote}Feingold BF : Behavioral disturbances linked to the ingestion of food additives. Delaware Medical Journal Feb;49(2):89-94,1977{/footnote}. En 1982, les autorités de santé américaines ont conclu que les restrictions alimentaires pouvaient contribuer à améliorer l’état de certains enfants hyperactifs (2). Pour confirmer le lien entre colorants alimentaires et hyperactivité, des chercheurs ont examiné en 2004 les résultats de 15 études cliniques faisant appel à des colorants alimentaires (3). Résultat : en supprimant les colorants de l’alimentation des enfants, les chercheurs ont obtenu une amélioration de leur comportement à une valeur comprise entre 33 % et 50 % de l’amélioration obtenue avec des médicaments. La même année, une équipe de chercheurs américains a testé directement l’effet d’une alimentation dépourvue de colorants chez des enfants (4). Elle a recruté 1873 enfants hyperactifs âgés de 3 ans qui ont suivi pendant une semaine un régime totalement dépourvu de colorants alimentaires. A l’issue de cette semaine, les enfants ont été séparés en deux groupes, l’un recevant soit une mixture contenant 4 colorants alimentaires - jaune sunset, tartrazine (E102), carmoisine et rouge ponceau 4R - à raison de 5 mg de chaque, l’autre groupe recevant un placebo. Résultat : durant la première semaine, les symptômes du TDAH ont significativement diminué chez tous les enfants. Par la suite, les enfants qui avaient eu droit à la mixture de colorants ont vu leurs symptômes revenir, contrairement à ceux sous placebo. Il est donc tout à fait possible qu’une alimentation sans colorant de synthèse soit bénéfique chez les enfants souffrant d’hyperactivité avec déficit d’attention.
    (1) Feingold BF : Behavioral disturbances linked to the ingestion of food additives. Delaware Medical Journal Feb;49(2):89-94,1977.
    (2) National Institutes of Health (1982) : Defined Diets and Childhood Hyperactivity. Consensus Development Conference Summary, Volume 4, Number 3 (http://consensus.nih.gov/1982/1982DietHyperactivity032html.htm).
    (3) Schab DW and Trinh NH : Do artificial food colors promote hyperactivity in children with hyperactive syndromes? A meta-analysis of double-blind placebo-controlled trials. Journal of Developmental & Behavioral Pediatrics, 2004, 25(6): 423-434.
    (4) Bateman B : The effects of a double blind, placebo controlled, artificial food colourings and benzoate preservative challenge on hyperactivity in a general population sample of preschool children. Archives of Disease in Childhood 89: 506-511.

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